EMA PRADÈRE
La couleur de la lumière 16 nov - 6 déc 2021
Dans la continuité de son travail d’écriture de la nature, et en lien direct avec sa pratique du kintsugi, Ema Pradère invente une nouvelle vaisselle, qui semble issue d’une fouille archéologique de l’intime. Chaque pièce porte les marques du temps et de son histoire, avec une part d’ombre et de lumière [2].
A la genèse de ce travail, il y a la demande d’une cheffe pour qui Ema conduit des recherches avec l’or sur la porcelaine. Comme toujours et comme elle l’a appris au Japon, elle dessine la nature dans son élégance. A l’automne celle qui l’entoure dans son patio parisien est faite de raisins, chardons, pommes de pin… Les éléments s’impriment ou se dessinent sur la porcelaine et s’agrémentent d’or en troisième cuisson. En faisant rouler la pomme de pin et en marquant ses reliefs de doré, elle voit la lune qui se reflète dans l’eau. En traçant des lignes à l’instinct, elle retrouve les décors d’épines de pin si caractéristiques du Japon. Bien au delà du faste et de la richesse, l’or apporte la lumière. C’est la lune et le soleil. Le raisin évoque Dionysos, la fête, l’ivresse, la vie en abondance. Le chardon avec ses piquants a un côté acerbe mais aussi il rayonne et protège le cœur contre les assauts du dehors. En Chine ancienne il est symbole de longévité et est utilisé comme fortifiant.
Après avoir tant travaillé autour de son émail vert, couleur emblématique, Ema Pradère montre aujourd’hui un autre versant de la nature. Il y a un vieux poème japonais qui dit [3] « A ceux qui n’aiment que les fleurs, je voudrais bien montrer le printemps en pleine efflorescence, qui habite les boutons en travail sur les collines couvertes de neige. » Gageons qu’avec cette nouvelle série toute d’or, d’ocre et de blanc, Ema y soit parvenue.
[1]La couleur de la lumière, Jacques Prévert
[2]Le kintsugi est une technique et philosophie japonaise de réparation d’un objet céramique avec une laque et de l’or qui rend pérenne et répare, en mettant de la lumière sur les failles de l’objet
[3]Le livre du thé, Kakuzo Okakura

Crédit photos: Lisa Streich