L’histoire du verre Beldi
Et de ses artisans souffleurs de verre
IMAGES: ALQOMRA PHOTO STUDIO
« A l’époque, ces gens fabriquaient des verres de lampes tempête qu’ils vendaient extrêmement bien dans tout le pays. Et puis avec l’électrisation du Maroc, les lampes tempêtes se sont arrêtées », nous raconte Jean-Dominique. Mais le savoir-faire était là et reprit vie en la forme d’un verre singulier, dessiné par un français dans les années 40, un verre à relief soufflé bouche.
« La légende c’est le verre Beldi. On en trouve dans tous les cafés traditionnels, et les restaurants, dans différentes tailles, pour le thé, le café… c’est un symbole très fort au Maroc. »

« Tous ces commerces se sont retrouvés orphelins, et nous avec » nous raconte le propriétaire du country club. « On s’est rendu sur place, et on a rapidement compris qu’il fallait reconstruire une usine beaucoup plus moderne en reprenant les forces vives et les savoir-faire des ouvriers, et qu’on le ferait dans l’enceinte du Beldi tant ce projet s’intégrait parfaitement à notre action. ».
Depuis 2012, la nouvelle usine et sa trentaine d’artisans verriers, perpétue la tradition du verre Beldi et fabrique jour et nuit 15000 verres par 24h, par campagnes de 3 mois. L’atelier de verre a un énorme four qui monte à 1700 degrés. Ce four est alimenté en verre recyclé uniquement, qui est chauffé en continu pour avoir de la pâte de verre en permanence. Les souffleurs prennent avec une canette une petite boule de verre, la soufflent et la mettent dans un moule en tournant la canette. Une fois que le moule a moulé un objet –verre, photophore, vase-, il est coupé par de l’oxy-coupure mélange de gaz et d’oxygène puis les pièces sont mises dans un four de recuit qui recuit le produit pendant 3 heures.
« Parmi nos souffleurs nous en avons deux qui ont été formés à Murano. Ce sont eux qui font des produits un peu spéciaux. On commence aussi à former des artisans verriers ici. Aujourd’hui, 20% ont été formés par les anciens. Nous développons notre marché pour augmenter la durée de nos campagnes et pouvoir employer les artisans sur de plus longues périodes, car la plupart ne savent faire un peu que ça. Les très bons on les garde en période creuse et on les forme à la poterie. »
En bon constructeur, Jean Dominique a vu grandir son idée avec le temps. Après avoir construit une piscine, une roseraie et plusieurs restaurants, étendu son projet de country club à un boutique hôtel puis à un lieu d’événements, il a pensé à développer son autonomie tout en soutenant l’artisanat marocain. Logique quand on sait que Beldi, signifie tradition en arabe. Consommateur de linge de maison, de vaisselle et de verre, il a créé un atelier de brodeuses, un atelier de poterie puis celui de verre. Il y a même un four à pain pour approvisionner le restaurant en pain maison. C’est un concept un peu unique dans un cadre totalement féérique.
On demande à Jean-Dominique sa définition du luxe façon Beldi :
« Le luxe Beldi c’est l’espace, c’est le fait qu’il y ait 40 chambres sur un grand domaine, 13 000 rosiers et des beaux jardins, que la construction est très traditionnelle, et surtout que le personnel est très gentil. »
Autant de caractéristiques qu’incarne le verre Beldi: sens de la tradition, de l’accueil et gentillesse de ses artisans qui jamais ne se départent de leur chaleureux sourire.
« Je me sens missionné pour sauver ce verre de légende et j’essaierai d’aller jusqu’au bout. »
